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Pourquoi lire l’Ancien Testament ?

Le 22 Avril 2022

Pourquoi lire l’Ancien Testament ?

Mon Église vient de commencer un survol de la Bible : à l’école du dimanche, pour les enfants, et, en parallèle, au culte pour les adultes. Quand j’ai préparé la leçon sur la Genèse, je me suis souvenu de chrétiens exprimant leurs difficultés face à l’Ancien Testament : coutumes et us éloignés des nôtres, récits guerriers remplis de violence, textes de loi impossibles à appliquer tels quels, oracles prophétiques énigmatiques… si le Nouveau Testament accomplit les attentes et prédictions de l’Ancien, pourquoi se soucier encore de ce qui l’a précédé ?

Le Père de Jésus-Christ est le Dieu de l’Ancien Testament

C’est une des premières hérésies à laquelle la jeune Église a dû faire face : des gnostiques, comme Marcion au 2e siècle, ne pouvaient pas admettre que le Dieu créateur, à l’origine du monde matériel, était le Dieu bon qui se révèle en Jésus-Christ. Son canon, première liste de livres bibliques qui soit parvenue jusqu’à nous, exclut l’Ancien Testament (et ne retient qu’une version tronquée du Nouveau).

L’appellation « Ancien Testament » pour la première partie de la Bible se trouve déjà chez Paul (2 Co 3.14) ; et l’auteur de l’épître aux Hébreux n’hésite pas à écrire de ses dispositions rituelles qu’elles appartiennent à l’ancien régime ; « or, ce qui devient ancien et ce qui vieillit est près de disparaître » (Hé 8.13). Mais l’Église n’a jamais vacillé dans sa conviction que la Bible hébraïque est Parole de Dieu, au même titre que le NT. Paul, tout en étant « l’apôtre des païens » (Gal 2.18), souligne l’importance des écrits de l’ancienne alliance : « Tout ce qui a été consigné autrefois dans l’Écriture l’a été pour nous instruire, afi n que la patience et l’encouragement qu’apporte l’Écriture produisent en nous l’espérance » (Rm 15.4).

L’Ancien Testament à l’IBN

Un feuillet de juillet 1921, qui informe des donateurs britanniques du projet de lancer un « French Bible Training Institute » à Nogent, précise que le programme d’études inclura l’étude de chaque chapitre de la Bible. Si nous peinons à mettre totalement en pratique l’objectif affiché de nos fondateurs, cela reste l’objectif de l’Institut : conférer à l’étudiant une solide connaissance de tous les livres de la Bible. 28 crédits (qui correspondent à environ 730 heures d’étude investies par l’étudiant) sont consacrés à l’étude de l’AT au cours des trois années, ce qui constitue plus de la moitié (53 %) des crédits consacrés à la Bible.

L’actualité de l’Ancien Testament

Pourquoi accorder une telle place à l’étude de l’AT dans la formation de pasteurs, missionnaires et évangélistes ? Les raisons en sont diverses :

• Il est impossible de comprendre le Nouveau Testament sans solide connaissance de l’Ancien. Les personnages connus de la Bible hébraïque – Adam et Eve, Abel et Caïn, Hénoch, Noé, Abraham et Sarah, Isaac… peuplent aussi les pages du NT. L’épître aux Hébreux présente un commentaire théologique approfondi de personnes et institutions clé de l’ancienne alliance.

• L’Ancien Testament inscrit l’existence du croyant dans une histoire plurimillénaire. Une telle profondeur est d’autant plus précieuse dans un contexte où la plupart de nos Églises en France sont de fondation récente, de surcroît quand les histoires familiales ne facilitent pas la conscience d’être héritier d’une longue tradition (ruptures relationnelles, migration…).

• Nous suivons l’exemple de Jésus et des apôtres. Environ 10 % des paroles de Jésus sont des citations ou des allusions directes de l’AT. Les discours des Actes sont truffés de citations bibliques. Si Paul évite la preuve scripturaire face aux non-croyants païens sur l’Aréopage (Ac 17), il y a largement recours dans ses épîtres, même quand les Églises auxquelles il écrit sont composées majoritairement de croyants de cet arrière-plan, convertis depuis peu (comme c’est le cas à Corinthe).

• L’Ancien Testament contient des leçons de vie irremplaçables. Une psychologue chrétienne me faisait remarquer la naïveté de nombreux croyants, qui sousestiment les ramifications persistantes du mal dans nos familles et communautés. Quel meilleur antidote que de méditer les récits des patriarches, des juges et des rois, avec leurs lots de rivalités entre frères, de violences faites aux femmes, de doutes devant les promesses de Dieu… Qui connaît l’AT sait que le message de la Bible n’est pas que les croyants sont géniaux, mais que Dieu mène jusqu’au bout son oeuvre de salut (cf. Gn 50.20 ; Rm 5.20). L’Ancien Testament nous apprend à glorifier Dieu dans la vie quotidienne. La doctrine de la création, développée surtout dans l’AT, fournit le cadre d’une spiritualité de la vie ordinaire : servir Dieu à la maison et au travail, puisque ce monde ordinaire, « séculier », est créé par Dieu, et l’homme est appelé à le gérer en vice-régent (Gn 1.28 ; 2.15). La littérature sapientiale apporte des éclairages précieux pour la mise en pratique : Job devant l’énigme du mal, Proverbes avec des conseils très pratiques, le Cantique célébrant la beauté de l’amour conjugal, Qohélet faisant face à la fi nitude de l’existence humaine.

Vive les cours de l’Ancien Testament à l’Institut ! Vive sa lecture dans nos Églises !

Lydia JAEGER

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Vivre dans la reconnaissance…

Le 24 Janvier 2022

Vivre dans la reconnaissance

Plus qu’une gratitude occasionnelle, vivre dans la reconnaissance est un style de vie dont la confiance en Dieu, la paix intérieure et la sérénité sont les expressions visibles. La Bible exhorte à cultiver une vie reconnaissante en tout temps. Quelles sont les raisons profondes pour développer une attitude reconnaissante même dans un contexte difficile et compliqué ?

NOUS SOMMES RESSUSCITÉS AVEC CHRIST, V.1-4.

En Lui, Dieu nous a fait passer de la mort à la vie. Nous portons en nous la puissance et la vie du Christ ressuscité. Maintenant, Christ est notre vie. Nous sommes ressuscités avec Lui pour l’éternité. Ce que nous possédons déjà fermement par la foi se réalisera quand Christ paraîtra. Telle est notre espérance.

NOUS AVONS UNE NOUVELLE VIE EN CHRIST, V.5-11.

En Christ par son Esprit, Dieu nous a régénérés pour une vie nouvelle. Le fondement de cette régénération est la croix où le Christ s’est livré pour le pardon de nos péchés. Le signe de cette nouvelle vie est la sainteté. Notre connaissance croissante du Seigneur nous permet de nous débarrasser de notre ancienne façon de vivre. Telle est notre collaboration avec le Dieu.

NOUS SOMMES CHOISIS PAR DIEU, V. 12.

Dieu s’est fait connaître à nous. Choisis par Lui en Jésus, nous sommes devenus ses bien-aimés, mis à part pour Lui, v.12. Dieu nous aime, c’est l’essentiel de la vie. Continuellement, nous sommes au bénéfice de sa grâce providentielle. Nous ne pouvons pas avoir plus que Dieu. Tout nous vient de Lui. Telle est notre richesse.

NOUS SOMMES REVÊTUS DE LA GRÂCE DE DIEU, V.13.

Dieu nous fait participer à sa grâce. Nous disposons des habits éternels du Christ : la compassion, la bonté, l’humilité, la douceur, la patience… v.12. Nous en sommes fiers. Si nous sommes revêtus du caractère de Jésus pour vivre nos relations, il convient de s’en parer constamment pour aimer jusqu’à pardonner comme le Christ. Tel est notre devoir.

NOUS SOMMES L’ÉGLISE DU SEIGNEUR.

Placés dans l’Église de Jésus-Christ, nous sommes appelés à la paix comme un seul corps. Avec les frères et sœurs en Christ, nous cultivons la paix mise dans notre cœur, afin qu’elle règne dans nos rapports.
La paix est un signe de notre communion en Christ. Telle est notre préoccupation.

Dans notre contexte d’insatisfactions malsaines, celui qui se nourrit de ce qu’il est et possède en Christ, vit dans la reconnaissance à Dieu. Si la dévalorisation de soi, l’angoisse, le pessimisme, la colère refoulée ou explosive, les relations difficiles, voire conflictuelles, gangrènent sa vie, il sait que sa vie est en Christ. Il est assuré de l’activité souveraine et bienfaisante de Dieu dans sa vie. Sa vie de reconnaissance s’exprime entre- autres par des cantiques… v. 16.

Vivons dans la reconnaissance !

Patrice KAULANJAN

(article issu de l’IBphile n°193)

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Dieu merci, c’est lundi !

Le 15 Juillet 2021

Dieu merci, c’est lundi !

Certains titres de livres que je n’ai jamais lus me sont restés en mémoire. Ainsi d’un ouvrage feuilleté, à la Convention de Keswick : Thank God It’s Monday. Vraiment ?
Le lundi est sans doute le jour de la semaine le moins aimé. Après les joies du week-end, il faut reprendre le chemin de l’école ou du travail. L’Institut ne fait pas exception, le lundi y est bien chargé. Si la reprise des activités « ordinaires » est parfois difficile, n’oublions pas que les lundis nous sont aussi donnés par Dieu.

APPRENDRE À LOUER DIEU POUR LES LUNDIS

Comment les études à l’Institut aident-t-elles nos étudiants à remercier Dieu pour les lundis ? C’est le cours sur la création qui vient d’abord à l’esprit. L’humanité a reçu la vocation de régner en vice-gérant sur la terre et de cultiver le jardin. Ce mandat culturel fonde la dignité de tout travail (honnête). L’histoire de l’Église et des missions met en valeur les contributions culturelles de la foi chrétienne pour l’éducation, la santé, l’ethnologie, l’abolition de l’esclavage au 19 siècle… Et la Réforme a mis l’accent sur le sacerdoce universel de tous les chrétiens et la compréhension de tout métier (Beruf selon le terme forgé par Luther) comme vocation (Berufung). Bien entendu, les cours bibliques ne sont pas non plus en reste : pensons au livre de Ruth avec son attention au travail humble des moissonneuses, aux mises en garde des Proverbes contre la paresse et aux exhortations des épîtres concernant la vie dans la famille et au travail (2 Th 3.6-13 ; Ep 5.21 – 6.9 ; etc.). Il suffit de lire la Bible pour se rendre compte que notre Dieu est le Dieu du quotidien.

TOUS SERVITEURS À PLEIN-TEMPS

Reconnaissons-le : la tentation est réelle de réactiver l’opposition erronée entre service de Dieu d’un côté et travail « séculier » de l’autre en espérant encourager ainsi des personnes à se former pour le service en Église. Oui, être appelé au ministère de la Parole est un privilège. Oui, il manque des ouvriers sur les champs de mission, et bientôt dans les Églises évangéliques en France, si ces dernières ne se résolvent pas à investir davantage dans la formation de la prochaine génération de pasteurs.
Mais la promotion des ministères dans l’Église rassemblée ne doit pas se faire au détriment de notre réponse au mandat culturel. Les chrétiens dispersés au cours de la semaine à l’école, au travail et à la maison ne cessent pas pour autant d’être Église. Un pasteur qui ne l’aurait pas compris ne saurait équiper vraiment ses « ouailles » pour leur service dans le monde.

L’HÉRITAGE DE JOHN STOTT

Le théologien anglican John Stott, dont nous venons de commémorer le centenaire de la naissance (27 avril 2021) peut nous inspirer à cet égard. Au 20 siècle, c’est probablement lui qui a fait le plus pour la formation théologique évangélique, en particulier dans les pays du Sud, au moyen de Langham Partnership, une fondation alimentée par les droits d’auteur de ses nombreux livres. Cette dernière, un des acteurs clé du secteur, finance un vaste programme de bourses d’études et de publications théologiques. Pour autant, Stott savait aussi reconnaître et encourager des ministères dans d’autres domaines professionnels, de la médecine aux arts. Le professeur John Wyatt, auteur du livre précieux : Questions de vie et de mort (Excelsis, 2009), rend un témoignage vibrant à l’impact de Stott sur ses choix quand il fréquentait sa paroisse. Alors qu’il s’interrogeait sur le ministère pastoral, Stott l’a plutôt encouragé à poursuivre en médecine – et a même investi de son temps personnel pour lui apprendre à vivre chrétiennement sa vocation professionnelle.

LE CULTE DU VENDREDI APRÈS-MIDI

Pour revenir à l’Institut de Nogent, les étudiants y apprennent que Dieu est le Dieu de toute la vie, mais pas seulement dans les cours. Les fameux « TP »5 du vendredi après-midi aussi le leur enseignent. Oui, le croyant est appelé à exécuter toute tâche comme un service rendu à Dieu. Que le Seigneur nous accorde à tous, étudiants, membres de l’équipe et amis de l’IBN, de faire tout ce que nous faisons « pour la gloire de Dieu » (1 Co 10.31 ; cf. Ep 6.7).

LYDIA JAEGER

Extrait de l’IBphile n°191 (juin 2021)

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Pour une évangélisation connectée

Pour une évangélisation connectée

Chaque année, l’Institut envoie ses étudiants en stage d’évangélisation pour une semaine. Cette formation très pratique se fait en étroite collaboration avec diverses Églises de France. Pour 2020-21, en raison de la situation sanitaire, ce stage a pris une tout autre allure… En effet, Patrice Kaulanjan, son responsable, a initié avec l’aide de certains responsables d’œuvres ou d’Église spécialisés dans le domaine, une formule « connectée » qui laissait place à la théorie et à la pratique. Retour sur cette expérience innovante via cinq questions posées aux étudiants…

1/ COMMENT AS-TU VÉCU CETTE SEMAINE ?

Une bonne semaine d’évangélisation ! Le format Zoom approprié… Les intervenants étaient très intéressants, chacun apportant un regard complémentaire sur la façon d’utiliser le digital dans l’évangélisation.

J’aurais préféré vivre cette formation en présentiel, qu’elle puisse se dérouler normalement en permettant aux étudiants d’aller dans différentes Églises pour vivre l’expérience à 100 %. Mais avec la crise sanitaire, cela a tout compliqué, donc pour une première fois c’était une bonne chose.

Très bien ! Après un an sur Zoom, il y a deux choses à dire : l’une, c’est que l’on s’habitue à ce rythme, qu’on prend ses petites habitudes ; l’autre, c’est que l’on attend impatiemment le jour où l’on peut se retrouver sur place avec le prof et les étudiants ! Très contente donc d’avoir enfin un cours où nous étions tous réunis ! Mais (à ma grande déception, et celle des intervenants certainement), nous n’étions en général qu’une petite dizaine avec la caméra allumée… C’est triste ! Je voulais voir tout le monde, et cela n’a vraiment pas été le cas. Si c’était à refaire : avec plus de visages, s’il-vous-plaît

2/ QU’EST-CE QUE CELA T’A APPORTÉ ?

Un autre regard sur l’évangélisation digitale. Les outils qui nous ont été donnés, comme l’utilisation du site « Canva », m’ont permis de pouvoir diversifier ma façon de partager l’Évangile. Créer des vidéos, améliorer mes publications Instagram, de manière plus pertinente et percutante m’a bien plu.

De me rebooster par rapport à l’évangélisation digitale. En effet, c’est quelque chose que je faisais déjà via Instagram, en partageant sous différents formats, l’Évangile. Les 2 premiers jours, nous avons entendu des témoignages vraiment très édifiants et encourageants, cela m’a vraiment motivée à continuer d’évangéliser sur les réseaux sociaux.

J’aimerais dire « un autre regard sur l’évangélisation », mais en 3 ans à l’IBN, on a déjà entendu beaucoup de choses sur l’évangélisation d’aujourd’hui. Il y a des informations qui se répètent, mais l’avantage de cinq jours de formations sur ce sujet, c’est que l’on approfondit divers points. Ce qui était particulièrement pertinent, c’est l’apport sociologique et historique : nous devons connaître un minimum l’Histoire de notre pays, sa propre Histoire des religions et celle de l’Église. « Les évangéliques sont souvent très forts avec le message à transmettre, mais ont du mal avec le contexte ! » (Jean-Claude Girondin). Eh oui, notre passé compte… pour regarder en avant ! Concernant notre présent (et le présent en devenir), nous avons approfondi le thème de la jeunesse et d’Internet. Nous ne pouvons plus nous en passer aujourd’hui, même si tout le monde ne doit pas être « pro » des réseaux sociaux. Mais, nous ne pouvons plus nous permettre d’être trop en retard non plus : la société actuelle est ce qu’elle est, et dans le passé, chaque responsable d’Église et chaque chrétien tout simplement a dû s’adapter à son époque.

3/ TON REGARD SUR L’ÉVANGÉLISATION « DIGITALE »…

Je pense qu’aujourd’hui la communication passe en grande partie par le digital. J’ai beaucoup d’amis non-croyants sur mes comptes Instagram ou Facebook. Pouvoir réaliser des publications en lien avec l’Évangile est pertinent. Je dirais même que l’évangélisation digitale est devenue indispensable. Tous les moyens de communication sont bons pour répandre la Bonne Nouvelle et interroger nos contemporains sur leurs destinées.

Née dans les années 80, je n’ai pas grandi avec l’ordinateur… c’est venu tout doucement (ou tout rapidement !) alors que je

grandissais. J’avoue donc ne pas être totalement « branchée » parce que la vie ne se résume pas à une vie devant les écrans. Mais, je comprends l’importance et la pertinence de ces réseaux aujourd’hui. Ils atteignent énormément de personnes, en peu de temps, et dans le monde entier. Néanmoins, l’évangélisation par format digital ne doit pas se limiter aux écrans. Je pense que ça peut vite devenir une excuse pour ne pas évangéliser en réel, de personne à personne, dans un lieu donné. L’humain a besoin de contact (la crise de Covid nous l’a révélé). Il faut voir l’évangélisation dans sa globalité : les possibilités d’aujourd’hui, et l’humain qui a besoin de voir des réactions, des émotions, de l’enthousiasme, de la joie.

Je pense que c’est vraiment nécessaire surtout dans la génération hyper connectée dans laquelle nous sommes. L’Église aujourd’hui doit être dans l’air du temps et mettre en place des outils pour parler de Jésus sous un format digital. C’est vraiment une grande opportunité pour partager l’Évangile !

Extrait de l’IBphile n°191

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Une pandémie révélatrice

Le 16 février 2021

Une pandémie révélatrice

La pandémie qui rythme notre quotidien depuis plusieurs mois semble agir comme un révélateur, voire un accélérateur, de fragilités individuelles et sociales, d’errements médiatiques et politiques, d’impasses intellectuelles, et aussi d’indigences ecclésiales. Extrait du rapport du directeur à l’assemblée générale de l’IBN.

 

Si l’Institut Biblique veut former de façon pertinente les responsables évangéliques, il ne peut ignorer avec quelle pâte il travaille s’il veut mieux cerner l’objectif à poursuivre dans son ministère. Ce que la situation sanitaire, avec toutes ses contraintes, met en lumière dans nos Églises et plus largement dans notre mouvement évangélique l’intéresse donc au premier chef.

 

DES ÉGLISES… VIRTUELLES !

 

Ce qu’Internet n’a pas réussi à faire au cours des années, la pandémie l’a accompli : transformer nos Églises en assemblées virtuelles ! Je grossis le trait à dessein pour vous faire toucher du doigt une réalité préoccupante : les cultes à distance, en totalité ou en partie, consacrent ce qu’il y a de plus regrettable dans notre mouvement évangélique, la consommation religieuse. Je veux parler ici d’une tendance à transformer le culte en spectacle pour attirer et fidéliser un auditoire. Pour y parvenir, il faut certes travailler, mais aussi avoir du charisme, des moyens humains et financiers et un auditoire nombreux et enthousiaste. Le passage à l’écran pour raisons sanitaires a renforcé une tentation déjà présente dans ces cultes-spectacle : soigner surtout les apparences. C’est ainsi qu’une partie non-négligeable des auditoires de nos modestes communautés profitent de la multiplicité de l’offre sur Zoom ou sur YouTube pour aller voir si l’herbe n’est pas plus verte chez le voisin. D’un clic, chacun peut suivre de son canapé au choix Hillsong-Paris, MLK à Créteil, l’Église baptiste de Pontault-Combault… Et chacun de ressortir fasciné par la performance du groupe de louange, des animateurs ou du prédicateur. Comment ne pas se sentir alors frustré d’appartenir à une Église qui, certes, met beaucoup de bonne volonté dans la préparation de ses célébrations mais ne parvient guère à soutenir la comparaison ? Et ce qui retenait chacun de trop papillonner jusqu’ici, la dimension personnelle des relations humaines, la chaleur de la communion fraternelle, le souci mutuel souvent présents dans nos modestes communautés, étant mis à mal par les contraintes sanitaires, nous sommes tentés d’aller chercher ailleurs de quoi nous faire vibrer. Et de trahir ainsi notre vocation de membre du corps de Christ en nous transformant en simples spectateurs. La pandémie ne serait-elle pas en train de redistribuer les cartes au profit de quelques Églises phares et d’appauvrir le réseau des « petites » Églises si nécessaires à l’apprentissage de l’amour fraternel et au témoignage de proximité ? Je le crains.

 

LE CŒUR PLUS QUE LA TECHNIQUE

 

Ce constat nous conduit, à l’Institut, à relativiser la centralité de la technique au profit du cœur au sens biblique du terme dans la formation au ministère. Il importe assez peu que nos étudiants sachent utiliser une application de visioconférence ou diffuser un culte sur YouTube. Après tout, ils trouveront dans l’Église ou dans l’œuvre dont ils auront la charge des passionnés qui le feront beaucoup mieux qu’eux. Par contre, il est essentiel qu’ils apprennent à discerner ce qui est important et à ne pas le perdre de vue quand l’adversité survient. Comment rompre l’isolement des confinés ? Comment faire vivre la communion fraternelle quand l’Église est durablement dispersée ? Comment cultiver l’espérance quand l’horizon se limite à la prochaine vague de l’épidémie ou à l’arrivée d’un vaccin ? Seul un cœur nourri de la pensée du Seigneur, exercé à discerner les temps et les moments et rempli de l’amour de Dieu par le Saint-Esprit trouvera les voies et moyens de faire vivre l’Église dans de telles circonstances.

Etienne Lhermenault

IBphile de janvier 2021

Être avec Christ

Le 16 Septembre 2020

Être avec Christ

En octobre 2017, nous fêterons le 500e anniversaire de la Réforme protestante. Pour être tout à fait exact, par convention, les Églises protestantes fixent sa naissance au 31 octobre 1517, date à laquelle Luther a placardé 95 thèses sur les portes de l’église du château de Wittenberg pour dénoncer les abus de son Église. Faut-il célébrer cet événement comme le font la Fédération Protestante de France avec son année « Protestants 2017 – 500 ans de Réformes – Vivre la fraternité » ou le Conseil national des évangéliques de France avec son « Merci pour la Bible – 1517-2017 : 500 ans de renouveau spirituel » ? Les plus sensibles aux relations œcuméniques préfèrent parler en mode mineur de commémorations plutôt que de célébrations, car, rappellent-ils, l’événement a sonné la division de l’Église en Occident. Les plus férus d’histoire se demandent s’il est judicieux de tresser tant de lauriers à un Luther qui a aussi été vivement antisémite et très violent dans ses propos « Contre les bandes pillardes et meurtrières des paysans 1 ». Quant à ceux qui méconnaissent l’histoire de l’Église et se méfient des relations œcuméniques, ils préfèrent s’intéresser au seul présent plein de promesses inaccomplies et de victoires idéalisées.

 

N’en déplaise aux uns et aux autres, nous croyons qu’il est juste à l’Institut Biblique de Nogent de célébrer le début du mouvement des Réformes protestantes et de saluer en Luther, même imparfait et controversé, le théologien génial qui a remis en lumière le principe de la justification par la foi seule et le croyant courageux qui s’est pleinement soumis au témoignage de l’Écriture au prix de l’excommunication de l’Église qu’il avait toujours servie. Mais nous ne le faisons pour participer simplement à la fièvre commémorative qui agite notre temps ou par nostalgie d’un passé désormais révolu. Nous le faisons parce que nous trouvons dans l’exemple de ceux qui nous ont précédés une inspiration, un encouragement pour le présent.

 

L’Église, parce qu’elle est composée d’hommes et de femmes pécheurs, ne reste fidèle au Seigneur que si elle accepte de se réformer sans cesse, de corriger les écarts qui s’installent inexorablement entre ses traditions, ses inclinations, ses actions, sa prédication et l’Écriture Sainte. La réforme tient du renouveau quand l’Épouse s’est endormie et qu’une visitation de l’Esprit réveille son amour pour le Seigneur, ravive son zèle pour la mission et rafraîchit son adoration. Mais la réforme tient de la rupture quand l’Épouse s’est faite infidèle et a cédé aux péchés de l’idolâtrie, de l’hérésie ou de la corruption. La visitation de l’Esprit, tout aussi nécessaire, ne suscite plus seulement la joie du croyant assoupi, mais aussi les larmes du pécheur repenti. Et parce qu’elle est plus de l’ordre de la chirurgie qui nettoie que du soin qui cicatrise, elle provoque douleurs et conflits au sein du Corps de Christ. Ainsi il ne faut pas s’étonner que les dénonciations de Luther aient provoqué la division plutôt que la réformation d’une Église profondément corrompue. Au même titre que le coup de bistouri, la réforme est un mal nécessaire et même vital pour éviter la gangrène du corps tout entier.

 

Il nous faut même aller plus loin en affirmant que toute visitation de l’Esprit, tout renouveau de l’Église, tout retour à Dieu ne peut que susciter des réactions vives… et pas toutes enthousiastes ! J’apprends à mes dépens, à la tête du Conseil national des évangéliques de France, que même l’unité divise ! À gauche, à droite et même au centre, il ne manque pas d’esprits chagrins pour contester, jalouser, craindre ou minimiser l’œuvre de réconciliation qui a accompagné la naissance du CNEF et le travail d’unité qui préside à sa croissance. Il n’y a pourtant là rien de fondamentalement étonnant. Si, comme l’a clairement annoncé Jésus, le suivre provoque la division dans les familles (Mt 10.34-39), s’attacher plus fortement ou revenir à lui ne peut que susciter de vives tensions et oppositions au sein des Églises.

 

Ce n’est toutefois pas une raison suffisante pour renoncer à la nécessité de se réformer, toujours. Certes, notre époque, par préférence pour le cocooning maternant, répugne à entrer en conflit (bien qu’elle ne cesse de le nourrir en refusant les saines et utiles confrontations) et stigmatise volontiers celui ou celle qui porte une quelconque responsabilité en la matière. Il faut pourtant admettre, avec Henri Blocher, que l’Église d’aujourd’hui aurait bien besoin d’une nouvelle Réforme 2, d’un retour à l’Écriture trop souvent délaissée ou contournée dans bien des communautés. Qu’il plaise à Dieu d’inspirer à son peuple à une réforme profonde alors qu’il célèbre les 500 ans de la Réforme protestante !

 

 

 

  1. Titre du deuxième appendice à son « Exhortation à la paix en réponse aux douze Articles des paysans de Souabe » (1525) dans lequel il appelle les seigneurs à massacrer les révoltés.
  2. « 500 ans après, Henri Blocher en appelle à une nouvelle Réforme de l’Eglise », http://evangeliquesdubas-rhin.fr/communique/500-ans-apres-henri-blocher-en-appelle-a-une-nouvelle-reforme-de-leglise/, consulté le 10 avril 2017.

Etienne Lhermenault

Cahiers de l’Institut Biblique, n° 175, avril 2017

Se réformer, toujours !

Le 16 Septembre 2020

Se réformer, toujours !

En octobre 2017, nous fêterons le 500e anniversaire de la Réforme protestante. Pour être tout à fait exact, par convention, les Églises protestantes fixent sa naissance au 31 octobre 1517, date à laquelle Luther a placardé 95 thèses sur les portes de l’église du château de Wittenberg pour dénoncer les abus de son Église. Faut-il célébrer cet événement comme le font la Fédération Protestante de France avec son année « Protestants 2017 – 500 ans de Réformes – Vivre la fraternité » ou le Conseil national des évangéliques de France avec son « Merci pour la Bible – 1517-2017 : 500 ans de renouveau spirituel » ? Les plus sensibles aux relations œcuméniques préfèrent parler en mode mineur de commémorations plutôt que de célébrations, car, rappellent-ils, l’événement a sonné la division de l’Église en Occident. Les plus férus d’histoire se demandent s’il est judicieux de tresser tant de lauriers à un Luther qui a aussi été vivement antisémite et très violent dans ses propos « Contre les bandes pillardes et meurtrières des paysans 1 ». Quant à ceux qui méconnaissent l’histoire de l’Église et se méfient des relations œcuméniques, ils préfèrent s’intéresser au seul présent plein de promesses inaccomplies et de victoires idéalisées.

 

N’en déplaise aux uns et aux autres, nous croyons qu’il est juste à l’Institut Biblique de Nogent de célébrer le début du mouvement des Réformes protestantes et de saluer en Luther, même imparfait et controversé, le théologien génial qui a remis en lumière le principe de la justification par la foi seule et le croyant courageux qui s’est pleinement soumis au témoignage de l’Écriture au prix de l’excommunication de l’Église qu’il avait toujours servie. Mais nous ne le faisons pour participer simplement à la fièvre commémorative qui agite notre temps ou par nostalgie d’un passé désormais révolu. Nous le faisons parce que nous trouvons dans l’exemple de ceux qui nous ont précédés une inspiration, un encouragement pour le présent.

 

L’Église, parce qu’elle est composée d’hommes et de femmes pécheurs, ne reste fidèle au Seigneur que si elle accepte de se réformer sans cesse, de corriger les écarts qui s’installent inexorablement entre ses traditions, ses inclinations, ses actions, sa prédication et l’Écriture Sainte. La réforme tient du renouveau quand l’Épouse s’est endormie et qu’une visitation de l’Esprit réveille son amour pour le Seigneur, ravive son zèle pour la mission et rafraîchit son adoration. Mais la réforme tient de la rupture quand l’Épouse s’est faite infidèle et a cédé aux péchés de l’idolâtrie, de l’hérésie ou de la corruption. La visitation de l’Esprit, tout aussi nécessaire, ne suscite plus seulement la joie du croyant assoupi, mais aussi les larmes du pécheur repenti. Et parce qu’elle est plus de l’ordre de la chirurgie qui nettoie que du soin qui cicatrise, elle provoque douleurs et conflits au sein du Corps de Christ. Ainsi il ne faut pas s’étonner que les dénonciations de Luther aient provoqué la division plutôt que la réformation d’une Église profondément corrompue. Au même titre que le coup de bistouri, la réforme est un mal nécessaire et même vital pour éviter la gangrène du corps tout entier.

 

Il nous faut même aller plus loin en affirmant que toute visitation de l’Esprit, tout renouveau de l’Église, tout retour à Dieu ne peut que susciter des réactions vives… et pas toutes enthousiastes ! J’apprends à mes dépens, à la tête du Conseil national des évangéliques de France, que même l’unité divise ! À gauche, à droite et même au centre, il ne manque pas d’esprits chagrins pour contester, jalouser, craindre ou minimiser l’œuvre de réconciliation qui a accompagné la naissance du CNEF et le travail d’unité qui préside à sa croissance. Il n’y a pourtant là rien de fondamentalement étonnant. Si, comme l’a clairement annoncé Jésus, le suivre provoque la division dans les familles (Mt 10.34-39), s’attacher plus fortement ou revenir à lui ne peut que susciter de vives tensions et oppositions au sein des Églises.

 

Ce n’est toutefois pas une raison suffisante pour renoncer à la nécessité de se réformer, toujours. Certes, notre époque, par préférence pour le cocooning maternant, répugne à entrer en conflit (bien qu’elle ne cesse de le nourrir en refusant les saines et utiles confrontations) et stigmatise volontiers celui ou celle qui porte une quelconque responsabilité en la matière. Il faut pourtant admettre, avec Henri Blocher, que l’Église d’aujourd’hui aurait bien besoin d’une nouvelle Réforme 2, d’un retour à l’Écriture trop souvent délaissée ou contournée dans bien des communautés. Qu’il plaise à Dieu d’inspirer à son peuple à une réforme profonde alors qu’il célèbre les 500 ans de la Réforme protestante !

 

 

 

  1. Titre du deuxième appendice à son « Exhortation à la paix en réponse aux douze Articles des paysans de Souabe » (1525) dans lequel il appelle les seigneurs à massacrer les révoltés.
  2. « 500 ans après, Henri Blocher en appelle à une nouvelle Réforme de l’Eglise », http://evangeliquesdubas-rhin.fr/communique/500-ans-apres-henri-blocher-en-appelle-a-une-nouvelle-reforme-de-leglise/, consulté le 10 avril 2017.

Etienne Lhermenault

Cahiers de l’Institut Biblique, n° 175, avril 2017