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Dieu vit que cela était bon

Le 30 Novembre 2021

Dieu vit que cela était bon

En juin dernier, l’IBN a organisé pour la première fois, une extension du colloque Dabar en Europe francophone. Nous étions heureux de réunir un groupe de 12 personnes, composé de représentants des écoles bibliques et facultés de théologie francophone (INFAC) et plusieurs scientifiques évangéliques.

Organisé par le Carl Henry Center (Trinity Evangelical Divinity School, Illinois), ce colloque cherche à promouvoir la recherche théologique dans le domaine de la doctrine de la création qui soit à la fois fidèle aux convictions évangéliques et en interaction avec des travaux pertinents en sciences naturelles. Cette année, le colloque avait pour thème « Dieu vit que cela était bon : unir l’ordre naturel et moral ».

La bonté de la création est une affirmation centrale du premier chapitre de la Genèse, mais elle est souvent négligée dans les débats modernes sur les origines. D’une part, cette bonté est directement liée à la bonté de Dieu ; d’autre part, elle est opposée au péché et au mal. Les différents intervenants ont creusé la signification de la bonté de l’ordre naturel, et la question de savoir si les processus de l’évolution biologique, la souffrance et la mort animales seraient cohérents ou en opposition à cette affirmation. Une contribution particulièrement intéressante dans cette discussion venait d’un exposé de théologie biblique sur le mot tov (bon), dans le refrain du récit de la création : « Dieu vit que cela était bon ». On a suggéré que la création est bonne parce qu’elle accomplit le but pour lequel elle a été créée. Considérer ainsi la bonté change le regard porté sur le monde animal : peut-on vraiment considérer la chaîne alimentaire comme un mal et la conséquence du péché, si elle a été créée précisément pour ce but (cf. Ps 104.21) ?

Une particularité des colloques Dabar est leur déroulement : les articles sont distribués en avance et lors du colloque, chaque intervenant ne présente qu’un résumé de son article, suivi de deux répondants qui soulèvent les points forts et faibles de son argumentation. Cela laisse un temps significatif pour des questions et la réflexion se poursuit dans les groupes de discussion. Ce format a beaucoup plu à notre groupe francophone, puisque le travail de préparation en amont a généré des échanges riches et approfondis, et nous a permis d’avancer dans cet important débat.

Rachel VAUGHAN 

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Les études à l’Institut

Le 1 Novembre 2021

Les études à L’Institut

La sortie du livre « À l’ombre du grand cèdre. Histoire de l’Institut biblique de Nogent (1921-2021)» écrit par Anne Ruolt est l’occasion de revisiter le projet pédagogique de notre école. Voici quelques pages légèrement adaptées de l’ouvrage qui abordent ce sujet

(p. 378-384).

En 1988, le rapport moral exposé par Bernard Huck à l’AG présente le fruit de la réflexion des professeurs réunis le 11 mars 1985. Celui-ci résume la spécificité de l’Institut qui, selon eux, consiste en : « Une formation biblique, de théologie fondamentaliste (dans le bon sens du terme) mais aussi une formation spirituelle, humaine (vie communautaire et de piété) et pratique (initiation aux ministères) »2. Alors qu’il n’y avait en 1984 aucune condition de diplôme préalable pour commencer les études (ce qui est toujours le cas aujourd’hui), le CA de l’Institut se posait la question d’un « examen d’entrée sur les matières bibliques, voire une année préparatoire ». Cette mauvaise connaissance biblique de nombreux étudiants s’expliquait et s’explique toujours par un manque d’enseignement biblique dans les Églises3. Les réflexions menées en 1988 par Paul Sanders, autour d’un projet pédagogique » envisageaient d’étendre à quatre ans le programme d’étude plus exigeant pour répondre aux nouveaux besoins des Églises et des œuvres, insistant sur le degré de la motivation des élèves. « Beaucoup d’étudiants sont prêts à entrer dans les grandes écoles, connaissant les difficultés qu’ils vont rencontrer parce qu’ils sont motivés » affirmait-il, ajoutant « Cette motivation est bien sûr liée aux diplômes qu’ils obtiendront en fin d’études »4.

Dix ans plus tard, en 1998, Gauthier De Smidt présentait la visée de la formation à l’IBN en termes de maturité à acquérir. Il disait :

Si le savoir est un des buts de la formation, nous croyons aussi à l’importance des contacts, au partage des joies et des peines, aux temps des repas et de la détente, aux entretiens et à la prière en commun. C’est aussi ainsi que nos étudiants acquièrent une maturité5.

Ce qui suit recense plusieurs « moyens institutionnels » développés pour atteindre cet objectif de maturité autant dans la maîtrise des savoirs que dans l’exercice pratique et la vie quotidienne.

PÉDAGOGIE POUR FORMER LE CARACTÈRE

UNE PÉDAGOGIE VARIÉE, CENTRÉE SUR L’ENSEIGNANT ET LES CONTENUS

L’Institut n’a pas directement souscrit et développé les principes de la « pédagogie active », mettant l’élève au centre du processus. Des trois pôles en tension du triangle pédagogique de Jean Houssaye, l’enseignant, les savoirs et l’élève, où deux sont naturellement privilégiés au détriment du troisième qui « fait le mort » pour reprendre l’expression originelle, c’est d’abord la relation de l’enseignant aux savoirs à transmettre qui a été privilégiée. Le montre le premier des critères de recrutement des professeurs ou des chargés de cours, celui d’être en conformité avec les doctrines fondamentales de l’École. Ce n’est cependant pas le seul critère. Le second est celui de ses qualités humaines et pastorales, afin de servir de guide ou de « modèle » inspirant pour former des disciples. Ce processus de formation est représenté par la relation enseignant – élève du triangle pédagogique. Par contre, le processus d’apprentissage, représenté par la relation de l’élève aux savoirs, cher aux promoteurs de l’éducation nouvelle, a été le moins privilégié. L’élève est supposé avoir déjà « appris à apprendre ». La réputation de l’Institut, à ses débuts, s’est surtout faite sur l’aura et le rayonnement de ses premiers professeurs et de son directeur. Le modèle pédagogique a davantage été « enseignant-centré » puis « curriculumo-centré », lorsque l’institution a cherché à adopter les normes imposées par l’Association Évangélique Européenne d’Accréditation, même si celle-ci prenait davantage en compte le processus d’apprentissage des élèves.

J. M. Nicole a pourtant pratiqué la « classe inversée », avant qu’elle ne redevienne récemment à la mode, mais peut-être comme M. Jourdain pratiquait la prose, en l’ignorant, et en utilisant cette méthode pour gagner du temps sur ce qu’aurait exigé un cours magistral. Il avait plutôt fait sienne la formule de Ruben Saillens qui affirmait que « ce qui est neuf est rarement bon et ce qui est bon est rarement neuf » En quoi consistait ce mode d’enseignement ? Plutôt que d’exposer un cours de doctrine de façon magistrale et d’imposer à l’étudiant de prendre des notes, pour ensuite assimiler le cours et se présenter à un examen vérifiant l’acquisition des connaissances, le cours, dans le modèle dit de la « classe inversée », est bâti sur une série de questions, livrées à l’élève en amont du cours. C’est en quelque sorte l’étudiant qui prépare le cours en cherchant les réponses par lui-même. Le cours en classe s’organisait alors de la façon suivante : M. Nicole égrainait les questions en interrogeant au hasard un étudiant — honte à lui s’il n’avait rien préparé ! mais bienheureux celui qui était interrogé lors du premier cours, il était tranquille pour un petit moment—, celui-ci lisait ce qu’il avait préparé, puis le professeur corrigeait et complétait en structurant logiquement la réponse, et répondait aux questions que le sujet avait suscitées. Cette méthode favorise l’autonomie de la recherche « par soi- même », l’interaction adaptée aux questions de la classe et le travail d’apprentissage régulier, si… les élèves jouent le jeu et ne reprennent pas le travail de préparation effectué par un de leurs camarades ! Était-ce un choix pédagogique délibéré, ou était-ce un choix par défaut, pour survivre à la charge d’enseignement si variée qui fut celle de J. M. Nicole ? En tout cas, l’habitude a perduré chez M. Nicole lorsque ses différents « Précis » ont été publiés, faisant la synthèse de ses cours. Aujourd’hui si les questionnaires subsistent dans certains cours, ils sont souvent conçus comme une aide destinée à guider l’élève vers ce que le professeur veut qu’il sache restituer le jour de l’examen. L’étudiant y répond après le cours pour se préparer à l’examen, lequel consiste à être capable de répondre, sans ses notes, à une de ces questions tirées au sort.

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Article en intégralité dans le n°192 de l’IBphile

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À vos marques…

Le 16 Septembre 2020

À vos marques…

 

Alors que nous nous apprêtons à lancer la construction du nouveau bâtiment, le bâtiment D comme développement, voici un petit retour en arrière pour mieux préparer l’avenir !

 

 

C’est en février 2014, lors d’une séance du conseil d’administration, qu’est lancée l’idée d’un « bâtiment des familles » par le directeur de l’époque, Jacques E. Blocher. Il s’agit alors dans un premier temps de doubler la capacité d’accueil des familles (passer de 6 studios et appartements à 12). En effet, notre offre insuffisante oblige plusieurs couples ou familles soit à loger à l’extérieur (3 à 4 selon les années), soit à différer leur venue.

Sous la coordination de Claude Grandjean et en collaboration avec Pierre Maré, une commission se met au travail. Trois architectes sont consultés et remettent des projets avec des estimations chiffrées.

 

Le projet est évoqué en juin 2015 dans Les Cahiers de l’Institut Biblique, puis discuté en novembre de la même année lors de l’assemblée générale de l’IBN. L’accueil est unanime et enthousiaste.

 

Le projet retenu (CA de mars 2017) est celui d’un bâtiment de 5 niveaux sur sous-sol d’une surface utile de 860 m2. Il comprendra 18 chambres, 6 appartements (2 et 3 pièces), 1 réfectoire de 100 m2… L’IBN pourra ainsi loger 22 à 28 étudiants supplémentaires et augmenter sa capacité d’accueil de 40 %. Le coût est estimé alors à 2 050 000 € financé pour moitié par des dons et pour moitié par un emprunt bancaire 1.

 

La collecte de fonds est lancée en deux temps, modestement d’abord pour recueillir 40 000 € au printemps 2017, plus franchement ensuite pour collecter 1 050 000 € à l’automne de la même année. L’IBN recrute pour ce faire Rachel Vaughan pour seconder le directeur dans ce travail.

 

Deux événements ont été décisifs dans ce processus de levée de fonds : la donation généreuse d’un appartement situé au Perreux par un couple en 2018 et vendu au profit du projet (+ de 300 000 €), la mobilisation des Églises évangéliques chinoises d’Ile-de-France avec l’aide du pasteur Pascal Yau en septembre 2019 (+ de 100 000 € apportés en décembre).

 

Au moment où nous vous écrivons, les dons et promesse de dons s’élèvent à 1 100 000 € pour une cible fixée à 1 210 000 € ! Nous sommes reconnaissants au Seigneur et à tous les donateurs. Nous avons toutefois toujours besoin de votre soutien spirituel et financier pour mener ce projet à terme.

 

 

 

  1. Les études de sol et un problème technique lié à la distribution du gaz feront monter cette somme à 2 210 000 €.

Etienne Lhermenault

Cahiers de l’Institut Biblique, n° 175, avril 2017

Ils écrivent

Le

Ils écrivent

Si Dieu conduit ma vie, qu’en est-il de mes initiatives ?

Micaël Razzano, Question suivante, Farel/GBU

67 pages – 5,00 €

Dans ce petit opuscule, Micaël Razzano, secrétaire général des GBU et chargé de cours à l’Institut, nous livre une réflexion dogmatique sur la liberté humaine et illustre son propos par une étude biblique du livre de Ruth. Ce faisant, il répond à une question que tout croyant se pose : « Si Dieu est souverain, quelle place donner à ma liberté humaine, à mes initiatives ? »

Nous retrouvons ici les qualités de celui qui a été professeur pendant plusieurs années dans notre école.

Un sens affirmé de la pédagogie d’abord. C’est ainsi que Micaël Razzano aborde de façon accessible une problématique complexe… en ayant recours à la métaphore du poisson dans l’eau1. Ou qu’il nous guide dans l’étude du livre de Ruth par des questions et des observations pertinentes et qu’il est aisé de comprendre. De plus, les chapitres se terminent tous par une invitation qui fait le lien entre le récit antique et le lecteur contemporain.

 

Une approche théologique solide ensuite. L’auteur pose par exemple avec précision les termes du débat : « pour les auteurs bibliques, la liberté n’est pas un bien à revendiquer pour faire ce que bon nous semble de manière autonome. Elle est un don, une grâce qui nous permet d’entrer de plain-pied dans le projet que Dieu a pour nous2. » Ou encore en référence à Philippiens 2.13

c’est bien parce que Dieu opère en nous le vouloir et le faire que nous sommes libres de répondre. Ce n’est donc pas en dépit du fait que Dieu produit en nous la volonté et la capacité d’agir que nous sommes libres, comme nous aurions pu le penser3.

 

Un bel effort exégétique enfin. Le texte biblique est étudié avec soin, le contexte historique et littéraire, respecté, la psychologie des personnages, prise en compte avec finesse, les difficultés d’interprétation, abordées sérieusement. Pour le dire autrement, nous avons en quelques pages un excellent commentaire du récit qui sert l’objectif annoncé, éclairer le rapport entre la souveraineté de Dieu et mes initiatives : « ce récit nous rappelle que Dieu ne court-circuite pas notre intelligence. Au contraire, il l’intègre dans l’accomplissement de ses plans pour notre vie et dans le processus décisionnel de notre existence4 »

Vous l’avez compris, ce petit livre mérite non seulement d’être lu mais aussi utilisé en groupe pour animer une étude biblique et doctrinale.

Etienne Lhermenault

Extrait IBphile 186, janvier 2020


1 p. 6.

2 p. 7s.

3 p. 8.

4 p. 67.