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Résister

Resister


En 1978, Soljénitsyne déclarait aux étudiants de Harvard : « Le déclin du courage est peut-être le trait le plus saillant de l’Ouest aujourd’hui pour un observateur extérieur. » À la veille de la Grande Guerre, Péguy exposait quant à lui que le courage pouvait consister à refuser la tyrannie intellectuelle, qui sait parer la faiblesse de toutes les vertus : « Rien n’est meurtrier comme la faiblesse et la lâcheté. »

Ne pas être lâche, faire preuve de courage, résister : y sommes-nous prêts ? 1 Rois 21 relate un meurtre déguisé en décision de justice après une infernale machination ourdie par une reine – et personne qui ne bouge…

Là, rien ne manque au roi Achab ; pourtant, il se met comme en grève de la vie lorsqu’un citoyen refuse de lui céder sa vigne. Eh oui, Naboth a osé défendre son patrimoine familial ! Alors le sire d’Israël s’engrène dans un mécanisme démentiel : son désir le conduit au pire, après le sacré coup de main de la reine Jézabel.

En l’occurrence apparaît la logique d’engrenage sinistre de la convoitise. La vérité est travestie, le nom de Dieu est actionné pour calomnier, et l’insolence utilise même le jeûne pour mettre l’opinion sous pression… Naboth ne pouvait échapper à l’explosion de cette machine infernale !

Or la convoitise a bonne presse aujourd’hui ; la saturation des désirs prime. Eh bien, la Bible nous enjoint de contenir la frénésie du désir, avant que la machine ne s’emballe. La pub veut imposer une véritable corvée de plaisir : assumons, dans la crainte de Dieu, la liberté de dire non. Sachons résister !

Jézabel, loin de résister à la mécanique funeste, entraîne au contraire son monde dans une sordide mise en scène, avec même des témoins comme l’exige la loi. Mais quel jeu de dupes ! Quant à Achab, il laisse faire, sans s’enquérir de ce que sa femme manigance ; il lui suffit de savoir qu’elle lui obtiendra ce qu’il convoite. Dans ce naufrage de la morale, la lâcheté et la malice trouvent leur compte ; et personne ne résiste au tourbillon d’iniquités.

Oh ! il y a encore d’autres acteurs, qui jouent une folle pantomime : gens de la ville, notables, anciens. Aucun ne proteste. Beaucoup connaissent Naboth, et les officiels savent qu’il est la cible d’une infâme machination : Jézabel la leur a exposée ! Pourtant, sans que la reine n’ait même besoin de formuler des menaces, nul n’objecte rien. Personne ne cherche même à simplement vérifier l’accusation…

Il n’est pas nécessaire d’agir pour être coupable ; il suffit parfois de ne rien faire. Devant telle ignominie ou infâme calomnie, le silence prudent peut virer à l’entente tacite. Quitte à froisser les bien-pensants, il nous faut savoir résister lorsque, peut-être au nom même de l’amour de la légalité, certaines bornes morales sont dépassées.

Aujourd’hui, les Naboth se multiplient : agressés parce que juifs ou chrétiens, ou médiatiquement lapidés parce que réprouvant la dissolution des mœurs… Avons-nous assez de cran pour nous faire solidaires de ces Naboth, ou craignons-nous trop l’ostracisme, le long martyre de la disgrâce ?


________ Sylvain Aharonian

Aujourd’hui, les Naboth se multiplient : agressés parce que juifs ou chrétiens, ou médiatiquement lapidés parce que réprouvant la dissolution des mœurs… Avons-nous assez de cran pour nous faire solidaires de ces Naboth, ou craignons-nous trop l’ostracisme, le long martyre de la disgrâce ? Aujourd’hui, les Naboth se multiplient : agressés parce que juifs ou chrétiens, ou médiatiquement lapidés parce que réprouvant la dissolution des mœurs… Avons-nous assez de cran pour nous faire solidaires de ces Naboth, ou craignons-nous trop l’ostracisme, le long martyre de la disgrâce ?Aujourd’hui, les Naboth se multiplient : agressés parce que juifs ou chrétiens, ou médiatiquement lapidés parce que réprouvant la dissolution des mœurs… Avons-nous assez de cran pour nous faire solidaires de ces Naboth, ou craignons-nous trop l’ostracisme, le long martyre de la disgrâce ?


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