Élections américaines : Entre illusions et espérance
Au vu de la tourmente politique qui secoue actuellement notre propre pays, les élections présidentielles américaines semblent déjà lointaines. Il vaut néanmoins la peine de revenir brièvement sur la saisissante « résurrection politique » de Donald Trump et son retour au pouvoir le 20 janvier prochain.
Parmi les nombreux constats qui s’imposent, soulignons celui-ci : Trump a recueilli une nette majorité de suffrages après avoir mené une campagne sombre voire menaçante contre tous ses adversaires réels ou supposés. Sa victoire est emblématique d’une défiance massive face à tout ce qui ressemble aux institutions ou à la respectabilité.
De fait, là où le Trump de 2016 et 2020 avait constitué des équipes issues pour une large part de notables du parti Républicain, le candidat de 2024 est parvenu à marginaliser ces influences modératrices, et à placer au premier plan des personnalités incarnant le plus possible un projet « antisystème » : ainsi un futur Secrétaire (ministre) de la santé qui a affirmé l’an dernier que le virus de la Covid-19 avait été conçu de manière à « protéger les Juifs ashkénazes et les Chinois[1] » ; la nomination de l’ancienne directrice de la fédération du Catch (WWE), pseudo-sport télévisé, à l’Education, département que Trump a de toute façon déclaré vouloir supprimer ; ou encore un futur directeur du FBI connu pour… son militantisme virulent contre cette même institution.
Le ralliement d’une large part du monde évangélique américain à cette droite radicale et populiste suscite des questions profondes et complexes. On est d’ailleurs en droit de se demander si, à sa petite échelle, une partie du milieu évangélique français ne serait tenté par un virage analogue.
Je suis de ceux qui ressentent inquiétude et consternation face à cette tendance. Il y a de quoi s’interroger sur ce qui, dans la culture évangélique notamment, a pu conduire tant de personnes à voir en un tribun narcissique une valeur sûre, voire un héros.
Pour autant, verser exclusivement dans la dénonciation et le pessimisme ne paraît pas à la hauteur de la complexité des enjeux. Car le roi est désormais nu : ces valeurs qui ont longtemps fait consensus dans notre Occident (rationalisme, tolérance, modération) semblent en passe de s’écrouler. Elles ne répondent manifestement plus à la soif d’absolu de nos contemporains. N’est-ce pas parce que, quand elles s’accompagnent du rejet du Créateur souverain, ces valeurs ne sont en définitive que des idoles trompeuses et hypocrites ? Dans ce désert idéologique et spirituel qui nous entoure, c’est l’Evangile qu’il faut annoncer, plus que jamais.
____________ Matthieu Sanders
[1] https://www.nytimes.com/2023/07/15/us/politics/rfk-jr-remarks-covid.html